FICHE TECHNIQUE
N° 2
LENTRAINEMENT
David GAUMONT C T L |
Les grandes bases de la physiologie de lentraînement étaient
traitées dans fiche technique n° 1. Nous avons pu aborder les points suivants :
Dou
provient lénergie nécessaire à la pratique des activités physiques et
sportives ?
Comment
lorganisme sadapte à leffort ?
Les
grands principes de lentraînements
Après une rapide définition de lentraînement, la fiche
technique n° 2 nous permettra daborder les points ci-dessous :
I. Les bases de lentraînements
II. Quelques compléments aux principes de ladaptation
III. Les grands principes de lentraînement ( suite )
IV. Considérations sur lentraînement en triathlon
V. Tableau récapitulatif des différentes formes permettant de
développer la dimension aérobie ( exemples dexercices )
Définition générale : préparer une personne, une
équipe à une performance sportive au moyen dexercices appropriés. ( le
Petit Robert )
Proposer des exercices appropriés est fondamental pour optimiser la performance
et nécessite de définir :
Un ou
plusieurs objectifs qui peuvent être : développer la motricité ; préparer
une compétition etc
Une
planification ( notion de temps ) : sur une semaine, un mois , une année etc
Une
véritable organisation sur le plan matériel et logistique : suivi médical, social
et scolaire ; réservation des établissements sportifs etc
Une
méthode de développement : cohérence entre les séances.
Une
analyse de la discipline : quelles sont les exigences motrices, énergétiques,
mentales.
Une
évaluation de lindividu : quel niveau de technicité ; sa
motivation ; sa personnalité ; bilan de santé ( contre- indication médicale )
, ses résultats antérieurs etc
I. Les bases de lentraînement
Chaque sport sappuie sur les 3 composantes suivantes : la
condition physique, la technique et la tactique.
Un premier travail consiste à déterminer limportance de ces 3
facteurs ce qui donne une première indication des facteurs dentraînement
dominants.
Limportance de ces 3 composantes varie en fonction du niveau de
qualification et de lâge de lindividu. Avec lexpérience le niveau
dentraînabilité va diminuer et le niveau dinfluence dun facteur peut
changer. Exemple : des objectifs importants au niveau de lentraînement de
base, utiles pour les petites catégories, ne le sont plus forcément pour
lentraînement des individus experts.
De façon générale la technique et le niveau dexécution sont
limités par le niveau de la condition physique alors que la tactique nécessite un
minimum dans le domaine de la motricité et de la condition physique.
Facteurs physiques et techniques sont souvent inséparables.
Exemple : lefficacité de lappui en natation va
solliciter aussi bien la condition physique que les facteurs de la motricité.
Il faut donc :
Déterminer
limportance de la condition physique par rapport à la tactique et à la technique.
Evaluer
les perspectives de développement et de saturation des 3 facteurs
La
hiérarchisation est difficile car certaines caractéristiques peuvent en influencer
dautres.
Lentraînement est donc un processus dynamique nécessitant un
ajustement permanent des objectifs, basé sur les résultats des tests physiques, du
mental et de la motricité. Il est nécessaire de mettre en place des tests qui permettent
dévaluer lévolution de la performance et lefficacité de
lentraînement.
II. Les principes de ladaptation ( compléments )
De façon générale ladaptation permet une modification de la
performance vers le haut mais aussi vers le bas. Après un arrêt de lentraînement
le niveau de performances motrices et physiques diminuent. Par contre après une
sollicitation importante les performances augmentent.
Ladaptation nécessite une relation optimale entre le niveau de
lindividu, la récupération, lintensité et un volume de travail.
Intensité, volume et récupération forment un ensemble appelé « charge
dentraînement »
Ces 3 facteurs forment une unité indivisible :
Une
charge de travail volumineuse du point de vue quantitatif sans le seuil minimal
dintensité namènera aucune adaptation.
Une
charge de travail intensive avec un volume trop faible namènera aucune adaptation.
Le processus dadaptation est le produit de la charge
dentraînement et de la récupération.
La séance dentraînement va déclencher dabord un
phénomène de fatigue qui va diminuer momentanément les performances puis, par la suite,
après une période de repos une phase de surcompensation où lon verra les
performances augmenter.
Cette surcompensation est la base de lélévation des capacités
fonctionnelles et des performances.
La fatigue est une condition obligatoire et seule la répétition des
entraînements amenant une fatigue peut déclencher à la surcompensation.
Leffet de fatigue nest pas toujours immédiat et peut se
manifester après un délais de plusieurs heures ou quelques jours. Cette particularité
est importante et lentraîneur devra en tenir compte dans la programmation de
lentraînement.
III. Les grands principes de lentraînement ( suite )
La charge dentraînement ( citée ci dessus ) est
représentée par :
Une
intensité de travail ( % VMA ; % fréquence cardiaque max ; %
PMA ; % force max )
Une
quantité de travail ( répétitions et séries )
Une
durée dexercice ( le volume )
La
récupération ( type de pause )
Cest lensemble de ces critères qui définit les
différentes méthodes de développement.
Le niveau de sollicitation dune charge dépendra de
lorganisation de ces critères définis au préalable.
En effet suivant lorganisation choisie, un exercice peut avoir
plusieurs objectifs. Exemple : un exercice de battements de jambes peut servir à
lamélioration de lendurance, de la vitesse ou de la motricité.
Si les battements de jambes effectués à vitesse maximale sur une
très courte période développe la vitesse, ce même exercice réalisé à faible
intensité sur une plus longue période développera lendurance.
Le dosage de la charge dentraînement nécessite un
questionnement :
A quel
niveau dintensité vais je travailler ?
Quels
est le nombre de séries et de répétitions nécessaires ?
Quels
types de pause ( active ; passive ) ; quelles durées sont nécessaires
entre les séries ou les répétitions ?
La variation dune caractéristiques provoquera obligatoirement la
variation dune autre caractéristique.
Lintensité
Lintensité est un élément décisif de la charge. Elle est peut
être définie de différentes manières.
Pour les courses dendurance comme le triathlon elle
sexprime par la vitesse de déplacement en km/h, en % de la puissance
maximale ( PMA ), en % de la vitesse maximale aérobie ( VMA ), en % de la
fréquence cardiaque maximale ( FCMAX ), en % du seuil anaérobie.
Les triathlètes qui pratiquent la musculation peuvent être amenés à
parler de % de la force maximale.
La quantité
Une charge dentraînement réalisée à une certaine intensité
nest efficace que si elle atteint un certain volume. Elle ne sera efficace
quà partir du moment ou lon a trouvé le nombre de série et répétition
optimales.
Cette quantité est caractérisée pour les sports dendurance
par :
La
distance ( m ; km ) : exemple 12km réalisés
Le
nombre de répétitions à lintérieur dune série : exemple 1 série de
10 x 300m en course à pied ou le nombre de répétitions de différents exercices comme
les foulées bondissantes, élastiques etc
Le
nombre de série à lintérieur dune unité dentraînement :
exemple 2 ou 3 séries de 5 x 200m en course à pied
Le
nombre dunité dentraînement par semaine : exemple 2 unités
natation ; 2 unités cap ; 1 unité vélo soit 5 entraînements dans la semaine.
Le volume
Il se caractérise généralement pour les sports dendurance par le temps
mis pour réalisé une distance donnée : exemple 10 km en 33
La récupération
Il est important de déterminer le type de récupération qui peut être actif ou
passif ainsi que sa durée. Exemple : 10 x 300 réalisés à 95% de la VMA avec une
pause de 30 active naura pas le même effet que 10 x 300 réalisés à
95% de la VMA avec une pause passive de 45.
Lentraîneur devra prendre en compte ces facteurs dans lélaboration de
la séance car la variation dune caractéristique provoquera obligatoirement la
variation dune autre caractéristique.
IV. Considérations sur lentraînement en triathlon
Lentraînement du triathlète comme tous les sports à dominantes
énergétiques comportera une base de travail non spécifique comme le renforcement
musculaire et spécifique avec des exercices se rapprochant au maximun des conditions de
courses.
En conséquence le triathlète est un individu possédant une
excellente capacité aérobie, tant au niveau de sa puissance maximale
quau niveau de lendurance spécifique ( courir à la vitesse exigée
pendant une durée déterminée ).
Cet aspect est particulièrement important au niveau de
lentraînement, il sagira en effet de courir à des allures proches du niveau
de lintensité et de la durée de la compétition.
Lamélioration de la capacité et de la puissance aérobie passe
par un volume de travail important sur le plan kilométrique ou de la durée du temps de
travail pour développer au maximum ladaptation cardiovasculaire nécessaire
au développement de ces qualités.
Pour développer les qualités aérobie lentraîneur va
sappuyer sur les moyens dentraînement suivants :
Lendurance
de course générale ou travail de la condition aérobie
Lendurance
dallure au seuil anaérobie
Le
travail de la PMA
Le
travail spécifique.
Lendurance de course générale
Elle constitue une part importante de lentraînement. Le
triathlète pourra la développer dans les 3 disciplines sous différentes formes et
allures.
Grâce à des efforts continus comme :
Des
footings longs ( 45 à 70 )
Des
séances vélo ( 150 et + ) à allure lente ( niveau 2 ; 70% / 80% fréquence
cardiaque maximale) correspondant à un niveau dintensité entre le seuil aérobie
et anaérobie.
Ou à allure moyenne ( niveau 3 ; correspondant à 80% / 90% de la
fréquence cardiaque maximale ) correspondant à des efforts légèrement en dessous du
seuil anaérobie.
Par un
travail en fartlek niveau dintensité 2 / 3 avec des fréquences cardiaques se
situant entre 75 et 95% de la FCMAX. Lobjectif de ce travail est de jouer sur la
variation dallure.
Lendurance dallure au seuil anaérobie
Le seuil anaérobie nous indique le pourcentage le plus élevé de la
vitesse maximale aérobie ( VMA ) qui peut être utilisé au cours dun effort
dendurance de longue durée. Ce qui signifie que plus le seuil anaérobie est
élevé plus lindividu sera capable dexploiter un pourcentage élevé de la
VMA. Donc un coureur qui maintient 90% de la VMA pendant 30 sera plus endurant
quun autre qui ne soutiendrait ce même pourcentage pendant 20.
Daprès KINDERMANN, la capacité dendurance ne dépend pas
uniquement de la VO2 MAX mais surtout de la capacité den utiliser le
pourcentage le plus élevé possible sans accumulation excessive de lactate. Ce type
deffort peut être soutenu 45 à 60 à 85% / 92% de la FC MAX sans
interruption et correspond à lallure moyenne la plus utilisée sur triathlon ou
duathlon sprint ou CD.
De façon générale plus le seuil anaérobie est élevé plus le
triathlète sera capable daccélérer ou de maintenir une vitesse élevée sans
accumulation excessive de lactate.
Lanalyse rapide dun
triathlon sprint nous permet de dégager différents points :
La
vitesse de déplacement lors du départ natation est généralement très rapide et
lon constate ensuite une stabilisation.
La
vitesse moyenne du parcours vélo est rapide. On constate des variations dintensité
suivant le relief et les conditions de course. ( alternance de plat, descente , montée,
drafting
)
La
vitesse de déplacement en course à pied varie le plus souvent en fonction du relief et
le triathlète essaie à la fin de lépreuve dêtre le plus régulier possible
pour obtenir une vitesse moyenne la plus élevée possible. Par contre lintensité
de leffort peut varier en fonction du relief ( descente, montée, type de terrain
)
Le développement du seuil anaérobie doit prendre une part importante
de lentraînement du triathlète et noublions pas que lintensité
utilisée lors dun triathlon est éloignée des possibilités maximale du système
aérobie ( VMA ) .
Lobjectif est dutiliser le plus haut pourcentage
possible de la capacité aérobie disponible.
Cette qualité est vitale et permettra aux triathlètes de réaliser
lensemble du triathlon à une vitesse de déplacement moyenne plus élevée, de
vivre les variations dintensités sans apparition de fatigue et perte
defficacité. Il faut impérativement élever ce point de déséquilibre.
Lentraînement de la puissance aérobie ( VMA )
La vitesse maximale aérobie ( VMA ) est la vitesse de lexercice à
laquelle lindividu atteint la consommation maximale doxygène ( VO2 MAX
). On peut parler de vitesse de course, de nage ou de cyclisme.
La spécificité de lendurance des triathlètes est dapporter
beaucoup doxygène au niveau des muscles en courant le plus rapidement
possible sur des durées de 45 à 5h et plus.
Pour le triathlon, bien que lintensité de travail soit très
éloignée de la VMA son influence reste déterminante pour la performance.
Le développement de la VMA permettra daméliorer le confort
à des intensités inférieurs comme celle spécifique du triathlon.
Mais attention le développement de la VMA est limité. Comme nous
lavons vu cidessus le travail de la VMA ne suffit pas. Il est impératif de
la développer ou de la stabiliser pour permettre à lorganisme den utiliser
le plus haut pourcentage.
Un travail à VMA développera les facteurs limitant la consommation
maximale doxygène. Les principaux sont le débit cardiaque, la diffusion
pulmonaire, la capacité maximale de transport de loxygène par le sang, la
consommation doxygène périphérique.
Mais attention la VMA est influencée par dautres
facteurs qui sont dune part la VO2 MAX mais aussi la force spécifique de
lappui et la technique de course.
Cela revient à dire que deux personnes ayant la même VO2
MAX peuvent obtenir une VMA différente ou, que pour une même vitesse de
déplacement, 2 personnes nauront pas forcément la même dépense énergétique.
Il est important de différencier la VMA et lendurance au seuil
anaérobie. Un exercice à VMA sollicite le système cardiovasculaire au maximum
alors que lendurance au seuil anaérobie se développe principalement par des
efforts entre 85% et 92% de la fréquence cardiaque maximale.
La VMA ne peut se développer uniquement si lintensité des
exercices sont proches des valeurs de la VMA.
Le travail spécifique
Ce travail se rapproche par son intensité de lendurance au
seuil anaérobie mais sen éloigne par sa forme.
Ces exercices doivent se rapprocher au maximum des conditions de course
( allures de course, régimes de contraction musculaire, résistance à la fatigue ) et
les enchaînements en sont le parfait exemple.
Les enchaînements peuvent se réaliser à toutes les intensités. On
peut très bien imaginer la mise en place denchaînement longs où sera travaillé
lendurance générale, des enchaînements courts effectués à des allures proches
de la VMA, ou des enchaînements réalisés à des intensités proche du seuil anaérobie.
VI. Tableau récapitulatif des
différentes formes permettant de développer la dimension aérobie ( exemples
dexercices )
CATEGORIE
DEXERCICE |
EXEMPLE DE
MOYEN |
QUEL NIVEAU
DINTENSITE % VMA ou PMA |
NOMBRE DE
SERIE |
NOMBRE DE
REPETITION |
TYPE DE PAUSE |
TEMPS DE PAUSE |
Endurance
générale |
Cyclisme |
70% à 80% |
1 |
1 x 120 et
+ |
Non |
Non |
Endurance
générale |
Course à pied |
70% à 80% |
1 |
1 x 45 à
90 |
Non |
Non |
Endurance
générale |
natation |
70% à 80% |
illimité |
1 et + pour un
total de 45 à 120 |
Active et passive |
|
Endurance
générale |
enchaînements |
70 à 80% |
1 |
3 x 20km vélo à 3 km course à pied |
Non |
Non |
Endurance au
seuil anaérobie |
Cyclisme |
85% à 92% |
1 |
3 x 20 |
Active |
3 |
Endurance au
seuil anaérobie |
Course à pied |
85% à 92% |
1 |
5 x 6 |
Active |
1 |
Endurance au
seuil anaérobie |
enchaînements |
85% à 92% |
1 |
15 vélo à 8 course à pied x 2 à 3 |
Active ou passive |
3 à
5 |
VMA |
Course à pied |
100% à 105% |
1 |
20 à
25 avec 30 effort / 30 pause |
passive |
|
VMA |
Course à pied |
95% à 100% |
1 |
3 x 3 à
4 |
Passive ou active |
130
à 3 |
VMA |
Course à pied |
90% à 95% |
1 |
3 x 7 |
Passive ou active |
3 à
4 |
VMA |
Vélo |
95% à 100% |
1 |
20 avec
1 effort / 45 à 1 pause |
Active |
|
|